Les «nègres debout» d'Haïti...

« Nous sommes tous Haïtiens!» Vous ne l’avez pas lu dans Le Monde bien sûr… Vous n’avez été conviés à aucune minute de silence, vous avez eu droit aux images ambiguës et morbides qui passent en boucle sur toutes les télés, à toute cette pornographie compassionelle, peut-être même que vous avez appréciée cela, normal cela signifiait « malgré toute mes embrouilles personnelles, je m’en tire pas mal, je m’en tire mieux que ces pauvres bougres d’Haïtiens!»… Les Haïtiens morts à Port-au-Prince ne sont pas des chiffres (de 50.000 à 100.000 morts), ils ont un nom, ce sont des hommes…Tout ce pathos compassionnel et pseudo-unanimiste ne nous fera pas oublier que la situation d’Haïti a une histoire, une généalogie


« Il faut cesser d'employer ce terme de malédiction. C'est un mot insultant qui sous-entend qu'Haïti a fait quelque chose de mal et qu'il le paye.C'est un mot qui ne veut rien dire scientifiquement. On a subi des cyclones, pour des raisons précises, il n'y a pas eu de tremblement de terre d'une telle magnitude depuis deux cents ans. Si c'était une malédiction, alors il faudrait dire aussi que la Californie ou le Japon sont maudits. Passe encore que des télévangélistes américains prétendent que les Haïtiens ont passé un pacte avec le diable, mais pas les médias… Ils feraient mieux de parler de cette énergie incroyable que j'ai vue, de ces hommes et de ces femmes qui, avec courage et dignité, s'entraident. Bien que la ville soit en partie détruite et que l'Etat soit décapité, les gens restent, travaillent et vivent. Alors de grâce, cessez d'employer le terme de malédiction, Haïti n'a rien fait, ne paye rien, c'est une catastrophe qui pourrait arriver n'importe où. Il y a une autre expression qu'il faudrait cesser d'employer à tort et à travers, c'est celle de pillage. Quand les gens, au péril de leur vie, vont dans les décombres chercher de quoi boire et se nourrir avant que des grues ne viennent tout raser, cela ne s'apparente pas à du pillage mais à de la survie. Il y aura sans doute du pillage plus tard, car toute ville de deux millions d'habitants possède son quota de bandits, mais jusqu'ici ce que j'ai vu ce ne sont que des gens qui font ce qu'ils peuvent pour survivre.» (Dany Lafferière)

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