Comme on est loin du compte...


« On peut dire que l'Algérie ne guérira jamais de sa situation actuelle, si elle ne fait pas un travail de réévaluation intégrale de son nationalisme : son nationalisme est né dans le contexte colonial, il est né de la colonisation, il est né anticolonial et il l'est resté, il le reste aujourd'hui encore, anachroniquement ; et ce nationalisme survit tel quel aux conditions politiques et historiques de sa constitution. Ce nationalisme n'a jamais su se constituer en lui-même. Même aujourd'hui que la colonisation a disparu, il est resté tel qu'il a commencé à se fabriquer en 1920. Il s'est donné une mythologie, prise à la France et apprise de la France - le mythe de la Nation - qui continue à fonctionner. De ce point de vue, le nationalisme algérien est le bon élève, mais bien tardivement, du nationalisme français, à l'école duquel il s'est constitué, même en le combattant et en cherchant à s'en émanciper... Le nationalisme algérien s'est créé uniquement par référence à la colonisation ; il est aujourd'hui malade, incertain, totalement dérouté, désorienté, sans objectif, sans perspective directrice : c'est parce qu'il a perdu le partenaire qui le constituait. Les intellectuels algériens eux-mêmes partagent la vision officielle, même les esprits les plus critiques se refusent à ce travail de réflexion et de relativisation... » (Abdelmalek Sayad)

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Je partage partiellement les idées émises dans cet article.
En effet, dans les années de la guerre d’indépendance j’ai toujours eu l’impression que les travailleurs algériens émigrés en France lorsqu’ils versaient leur quote-part aux mouvements d’indépendance aspiraient non seulement à un pays libéré de la tutelle française mais à une véritable nation regroupant les différentes ethnies présentent au pays.

Or, aujourd’hui il n’en n’est rien alors qui peut les aider ?
Certainement pas les revanchards exilés dans l’hexagone, encore moins les frères de lait de Gaston Ghrenassia, alias Enrico Macias, le Pavaroti des merguez et de l’anisette…

La Kahena a dit…

Eh oui, qui décolonisera le nationalisme algérien ? C'est pas gagné...

vincent a dit…

Cet article,en réclamant un nationalisme qui lui soit propre pour l'Algérie,contredit un peu celui d'en-dessous qui parlait de nationalisme "qutri",non ? Pourquoi pas.En tout cas,mise à part une improbable Internationale marxiste,il n'y a pas l'air d'avoir d'alternative au nationalisme "qutri",et pas de mouvement panarabe en vue.Il y aurait bien les autres..,mais cela dépasse le cadre du Maghreb.

Archéo a dit…

@ Vincent,

Ce texte ne réclame rien, il constate... Il constate l'alienation du nationalisme algérien, dont les Algériens ne sont pas sortis... Y a-t-il eu une Algérie avant la France ? Ou c'est la France, comme puissance coloniale, qui a attribué à "l'Algérie" son certificat de baptême ? Quelle ironie...

vincent a dit…

Bonjour,
ah oui j'ai relu,nuance,il ne "réclame" pas,il regrette seulement que l'affirmation identitaire de l'Algérie se fasse par rapport à la France et sur le modèle nationaliste de celle-ci.
Dans le monde d'aujourd'hui,cela parait effectivement un peu archaique,et pas très porteur comme référence.
L'Algérie existait-elle avant 1830 ?
Que des gens plus qualifiés répondent à la question.

Anonyme a dit…

L'histoire de l'Algérie est assez complexe, deja la construction territoriale de l'Algérie actuelle découle bien sur de la décolonisation, elle n'a jamais existé telle quelle jusqu'en 1962. Cependant avant 1830, l'Algérie était composée de territoires indépendants commes des territoires occupés. Elle a été libre à l'époque de nos ancetres Juba, Jugurtha etc...comme elle a été occupé par des envahisseurs: romains, vandales ,arabes etc...Le nationalisme algérien comme le nationalisme français et même comme tout sorte de nationalisme découle toujours et pour toujours de l'inéfficacité des dirigeants (sarko, boutef et co...) à pouvoir lutter contre les inégalités contre la misère éco et sociale, donc le bouc emissaire est si facile à trouver, pour la france ce sont les arabes et specifiquement les algériens et pour les algériens ce sont les français: sur ce point il n'y a pas vraiment de divergence de nos dirigeants.