De la décontraction

Soyez vous aussi décontractés. Totalement décontractés. Résolument décontractés. Absolument décontractés. Ne vous laissez pas terroriser par tous ces bien-pensants, par tous ces adeptes du politiquement correct. Le mode d’emploi de cette « métaphysique de la désinhibition » ? Prononcez les mots suivants à haute voix (avec ou sans protagonistes) : crouille, crouillat, crouilledoche, melon, tronc-de-figuier, arbi, bicot, bique, raton, tchouc tchouc nougat, fellaga, fellouze, nordaf, racaille, CPF (chance pour la France), gris, bougnoul(1)...

(1) BOUGNOUL, OULE, subst. masc.
Arg., péj.
A.− Nègre ou métis :
1. Il n'osait pas entrer le sauvage. Un des commis indigène l'invitait pourtant : « Viens bougnoule! Viens voir ici! Nous y a pas bouffer sauvage! » (...) Ce noir n'avait encore, semblait-il, jamais vu de boutique, ni de blancs peut-être.
Céline, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 172.
2. ... le grand vice des nanas, c'est de se maquer avec les bougnouls...
A. Simonin, Le Petit Simonin illustré, 1957, p. 56.
B.− P. ext. [Dans le lang. des Européens] Nord-Africain indigène :
3. Si (...) la droite française manœuvrée par le fascisme algérien, ne barrait pas la route au leader M.R.P. (M. Pflimlin), il mesurerait ce qu'a d'irréductible la résolution de ces « désespérés » qui ont pris les armes pour n'être plus jamais les ratons et les bougnoules de personne. Mauriac, Le Nouveau Bloc-notes, 1961, p. 54.
Rem. Attesté dans Lar. encyclop. Suppl. 1968 et Rob. Suppl. 1970.
PRONONC. ET ORTH. : [buɳul]. Lar. encyclop. Suppl. 1968 écrit bougnoule. Rob. Suppl. 1970 admet bougnoul, bougnoule ou bounioul.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1890 fam. et péj. « individu corvéable » (Jargon de la mar. et de l'infanterie coloniale d'apr. Esn. Poilu); 1911 train bougnoul, expression relevée à Brest pour désigner un train servant surtout aux paysans, aux « indigènes » du département (ibid.); 1932 « nègre », supra ex. 1.
Empr. à la lang. ouolof (Sénégal) bou-gnoul « noir » désignant le Noir, le négrillon, déjà terme d'injure pour désigner l'indigène frotté de français; v. Ch. Monteil dans Esn. Poilu.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 1.
DÉR.
Bougnouliser, verbe. ,,Faire souche avec une noire`` (Esn. 1966). ,,− Papa s'est remarié à Madagascar avec une dame noire (...) il fait des enfants à grosses lèvres, en surveillant je ne sais quelle exploitation de raphia (bougnoulisé, le papa, si je comprends bien)`` (H. Bazin, La Mort du petit cheval, 1949, p. 172). Emploi pronom. Se bougnouliser. Prendre des mœurs sénégalaises (Esn. 1966). − 1re attest. 1935 (A. Simonin, J. Bazin, Voilà taxi! p. 213); dér. de bougnoul, suff. -iser*. (SOURCE)

7 commentaires:

cloclo a dit…

Racaille, vous le savez très bien, n'a jamais voulu dire bougnoule, c'est un comportement, un style vestimentaire, applicable aussi bien aux Blanc qu'aux autres.

La plupart des autres termes sont archi-datés et ne s'entendent plus guère que dans la bouche des anciens d'Algérie, et encore... Il y a peu je ne savais même pas ce que voulait dire " crouille ".

Le seul en vigueur aujourd'hui pour désigner les enfants d'immigrés, c'est CPF, mais il faut avouer qu'il est particulièrement savoureux de retourner contre elle la langue des bois des politiciens.

" Mimile " ou " souchien " sont aussi de jolies trouvailles par ailleurs. La langue française fait toujours autant preuve de vitalité quand il s'agit de s'invectiver... c'est toujours ça.

M.M. a dit…

L’insulte à dose homéopathique

La littérature noire, entendez, « policière » ou toute littérature populaire et de surcroît les jargons de métiers ou celui trouffion de la Grande-Muette, sont truffés de racisme et de lieux communs. Du racisme brut de coffre, brutal pour l’oreille blessée, pas pour la langue vipérine qui le profère, parce qu’elle le considère comme entendu et par force instillation presque avalisé et banalisé dans le langage familier de tous les jours.
Quand un raciste traite un arabe de bougnoul, il ne voit aucun mal de commis, et hausse les épaules étonné en cas de réactivité. Il ne faut pas oublier que l’insulte est destinée à inférioriser l’autre.
Lorsque à titre d’exemple Houria Bouteldja, la porte –parole des Indigènes de la République a dans un débat public usé sans penser à mal du terme « souchien », tout Français qui se respecte s’est senti insulté, mais quand ce sont eux qui traitent les autres, ils minimisent souvent l’ampleur de leurs avanies et ne mesurent pas la souffrance morale causée aux autres. M.M.

Anonyme a dit…

Cloclo, vous savez que vous auriez du être conseiller en communication pour Hortefeux, une telle mauvaise foi !

Bougnoul(e), reste lui une valeur sure, il traverse le temps, bravo au bougnoulosophe, quelle feeling(lol)...

M.M. a dit…

Extension du domaine de l’insulte

Toutes les langues du monde rivalisent d’ingéniosité et d’inventivité, lorsqu’il s’agit de noms d’oiseaux et la langue française à ma connaissance, n’est pas la seule oiselière de la place,
à narguer les moralistes et à se pavaner avec des plumes de paradisier au train. M.M.

M.M. a dit…

Aux Ténors de la tchatche. M.M

http://www.youtube.com/watch?v=sPP2rtZknZE

cloclo a dit…

Bougnoule a presque disparu du vocabulaire courant, sauf peut-être dans nos campagnes les plus reculées, et pour une raison simple : il fait trop beauf.

CPF, en revanche, est assez subtil (difficile de ne pas rire quand on comprend ce qu'il veut dire), je lui prédis un beau succès...

Souchien, le signifiant est plutôt rude à l'oreille... c'est presque plus infamant que beauf. Là on atteint vraiment les limites. Après il n'y a plus que " sale Français " et " sale Arabe ". La haine à l'état pur. Les mots nous préservent encore un peu de la barbarie. Mais plus pour très longtemps, à mon avis...

Anonyme a dit…

"CPF, en revanche, est assez subtil", cette subtilité éléphantesque vous trahit mon beaufounet de Cloclo... "CPF" vient des "Identitaires" l'avant-garde des nazillons de France (et de Navare) ! Il est toujours temps de leur demander une carte d'adhésion...

Pour ta gouverne, mon cloclo-la-joie de Nuremberg à « Radio des Milles collines », les mots ont toujours précédé l’action, il faut pouvoir chauffer les foules, ainsi va la bête humaine…