La France est en émoi.
Chiffres du chômage? Crise financière? Nouvelle rolex présidentielle?
Non, non, rien de tout cela. La « burqa », ma brave dame. Et c'est mieux d'accompagner le mot d'une moue dédaigneuse.
L'heure est grave, en effet. Il faut que les trois femmes vêtues de cette pièce de tissu soient plus scandaleuses et surtout plus visibles que les 700 000 « emplois» qui vont être détruits cette année dans le secteur privé (Insee/Le Monde daté du 20 juin 2009).
Derrière l'autre burqa « bien de chez nous » qui escamote la suppression des 700 000 emplois, il y a aussi 700 000 individus - et leurs familles - dont la dignité devrait être défendue avec autant de fougue.
Mais, à Versailles comme à l'Elysée, on ne badine pas avec le sérieux danger que représentent les centimètres d'étoffe superflus sur le corps des femmes musulmanes.
Aussi, le président, incité par la proposition d'un élu prétendu-communiste, a jugé bon de mentionner le port du voile intégral par une infime minorité des musulmanes, créant de toutes pièces un problème pour travailler en profondeur l'opinion française, et lui rendre acceptable l'idée d'une guerre - pourquoi pas? - contre l'Iran.
Déjà, le 15 septembre 2007, Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, avait declaré sur LCI: « Il faut se préparer au pire [avec l'Iran], c'est-à-dire à la guerre ». La peur en politique, c'est comme les parapluies: les gens prévoyants savent que ça peut toujours servir.
Sarkozy a ajouté: « Ce n'est pas l'idée que la République se fait de la dignité de la femme ». La République qui se fait des idées sur « la femme » (?) à Versailles, c'est assez savoureux. Surtout quand on sait que c'est la même République qui a accordé le droit de vote aux femmes le 29 avril 1945. Vous savez, après tous les autres pays européens, y compris la Turquie.
Enfin, pour prolonger cette perspective historique, Didier Boulaud, sénateur prétendu-socialiste a fait malicieusement observer que depuis Napoléon aucun chef d'Etat n'avait prononcé de discours devant les Assemblées. Il peut donc s'avérer utile de rappeler au Roi Soleil en talonnettes cette phrase de Marx dans le 18 Brumaire de Louis Napoléon Bonaparte: « Hegel fait remarquer quelque part que, dans l'histoire universelle, les grands faits et les grands personnages se produisent, pour ainsi dire, deux fois. Il a oublié d'ajouter: la première fois comme tragédie, la seconde comme farce.»
Princesse de Clèves
Le fait divers fait diversion...
Publié par Le Bougnoulosophe à 6/28/2009
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