Hannah Arendt et le sionisme

« Un nationalisme inspiré de l’Allemagne, (qui) soutient qu’une nation est un corps organique éternel, le produit de la croissance naturelle et inévitable de qualités inhérentes et (qui) explique les peuples non pas en termes d’organisations politiques mais de personnalités biologiques supra-humaines ».

« Les sionistes étaient en un sens les seuls qui désiraient sincèrement l’assimilation, à savoir la “normalisation” du peuple (“être un peuple comme les autres”) alors que les assimilationnistes souhaitaient que les Juifs conservent leur position exceptionnelle ».

« Les Juifs “victorieux” vivraient environnés par une population arabe entièrement hostile, enfermés entre des frontières constamment menacées, occupés à leur auto-défense physique au point d’y perdre tous leurs autres intérêts et leurs autres activités. Le développement d’une culture juive cesserait d’être le souci du peuple entier ; l’expérimentation sociale serait écartée comme un luxe inutile ».
« Après la guerre, la question juive, que tous considéraient comme la seule véritablement insoluble, s’est bel et bien trouvée résolue – en l’occurrence au moyen d’un territoire colonisé puis conquis – mais cela ne régla ni le problème des minorités ni celui des apatrides. Au contraire, comme pratiquement tous les événements de notre siècle, cette solution de la question juive n’avait réussi qu’à produire une nouvelle catégorie de réfugiés, les Arabes, accroissant ainsi le nombre des apatrides et des sans-droits de quelque 700 à 800 000 personnes. ».
« La représentation par Herzl du peuple juif comme encerclé... par un monde hostile a conquis aujourd'hui le monde sioniste ... Que cette évolution ne nous surprenne pas ne rend pas cette représentation plus exacte, mais seulement plus dangereuse. Si nous sommes vraiment face à des ennemis déclarés, ou dissimulés de tous côtés, si finalement le monde entier est contre nous, alors nous sommes perdus ».
« Seule la folie pourrait dicter une politique qui confie sa protection à un pouvoir impérial éloigné, tandis qu’elle s’aliène la bonne volonté de ses plus proches voisins ».
« La signification du Proche Orient pour la Grande Bretagne et l’Amérique peut être exprimé à l’heure actuelle avec un seul mot : pétrole ».
« L’unanimité de l’opinion est un phénomène très inquiétant, caractéristique de notre âge moderne. Elle détruit la vie sociale et la vie personnelle, qui sont fondées sur le fait que nous sommes différents par nature et par nos convictions (…) l’unanimité de masse n’est pas le résultat d’un accord, mais l’expression du fanatisme et de l’hystérie. »

16 commentaires:

kliakse a dit…

Voilà qu'on publie un texte qui définit le sionisme comme un "nationalisme" et non comme un "racisme". Ce qui nous change heureusement de la vulgate "antisioniste" diabolisante de ces dernières années.
Certes en imputant le modèle à l'Allemagne alors que c'est toute l'Europe du XIXème qui y est pour quelque chose - nul n'est parfait même Arendt qui a quand même travaillé pour le mouvement sioniste dans l'avant-guerre en organisant l'émigration de réfugiés juifs allemands vers la Palestine. Comme quoi..
Il est vrai qu'elle en est revenue et qu'elle a très vite compris les conséquences de la création de l'Etat en 48.

BLAZ a dit…

Kliakse,

Le sionisme n'est pas un racisme, il est un fascisme que les marxistes ont défini dans quatre critères:

1- La figure charismatique

exemple: Hitler
autre exemple: Herzl, Bengourion

2- La construction d'un bouc émissaire comme inférence d'action et à l'opposé comme inférence cohésive du groupe fasciste.

exemple: Les juifs pour Hitler
Les Palestiniens pour les Israéliens.

3- Un mouvement expansionniste soutenu par un appreil militaire consistant.

exemple: L'empire du troisième Reich.
Autre exemple: L'expansionisme israélien en Palestine tandis que l'ambition est des plus vorace comme peut le signifier symboliquement, l'étoile sur le drapeau, délimité par deux bandes parallèles bleues, représantant le Tigre et l'Euphrate

4- un appareil de propagande sophistiqué assurant l'instrumentalisation, l'orchestration et la consistance du discours fasciste.

exemple: Goebbels et ses techniques audiovisuels fortement inspirées de Propaganda d'E.Bernays, neveu de Freud par ailleurs sans en faire un argument antisémite, il aurait pu être neveu d'un Papou, ça n'aurait rien changé à l'affaire...Sinon gare aux raviollis d'anonyme..

Autre exemple: Glucksman, BHL(dans une moindre mesure, sachant que son papa a fait fortune dans le bois maghrébin et qu'il se retourne dans sa tombe en bon républicain, à l'idée de constater ce que fait son rejeton du papier..
Finkelkrout qui a l'exuberante audace, de nous faire passer l'imaginaire de classe des banlieus qui ont toutes les bonnes raisons de brûler non pas leur voiture mais le Louvre..,pour de l'antisémitisme.
En bons toutous suivent Val Onfray, Elkhabach, Bruel, Arthur, Lai lai les filles de mon pays...

Personnellement, j'assume tout à fait le substantif d'antisioniste mais je vous promets, de mon expérience d'enseignant, je n'ai toujours pas les mains sales..

En dernier recours ce qui délimite la défense de la Palestine d'Israël sont ces cadavres du bilan actif de votre idéologie..

Spinoza nous enseignait que quand bien même les hommes seraient des bêtes, on aurait plus à gagner à se battre pour en faire des hommes..le sionisme a surpassé la bête féroce, le sionisme est la pulsion de mort.

kliakse a dit…

Et on s'annonce enseignant...
Il n'y a rien dans cette prétendue "analyse" qui tente d'assimiler sionisme et nazisme qui ne tienne la route. Tout est affabulé, exagéré ou tronqué.
1° La figure du leader fasciste n'a strictement rien à voir avec celle du leader politique classique ; tout n'est pas égal à tout. Votre "comparaison" est un "exercice de style" dénué de sens réel.
2° Les Palestiniens comme "boucs émissaires"... Trouvez une seule référence prouvant cette absurdité. Tentative pathétique, perverse et mécaniciste de compléter la liste imaginaire des points de comparaison entre sionisme et nazisme..
Les Palestiniens peuvent d'autant moins être des boucs émissaires qu'ils ont été ignorés. Cf la Terre sans peuple. Le peuple qui n'existerait pas serait en même temps bouc émissaire..
3° A propos de propagande, vous reprenez les bobards les plus éculés ; les deux bandes du drapeau israélien ne représentent pas le Tigre et l'Euphrate (pourquoi pas le Gange et le Yang-Tsé?) mas celles de couleur azur du châle de prières. C'est contestable sur le plan théologique mais il s'agit d'un problème interne au judaïsme et non de géographie moyen-orientale).
4° Ce n'est pas parce qu'Israël a un appareil de propagande et fait de la "communication" que cet appareil est "fasciste". Ce genre d'assimilation forcée démontre que vous n'analysez pas mais que vous partez d'un postulat de départ qu'il vous faut ensuite absolument étayer - n'importe comment.
Le reste, cette accumulation de noms juifs sensés prouver que la propagande israélienne est d'inspiration goebelsienne (elle-même influencée par Bernays donc par Freud, voyez ces Juifs, la boucle est bouclée mais bien sûr, ce n'est pas antisémite..), disons le platement, ça pue.
5° Le sionisme n'a heureusement pas dépassé la bête féroce. Il en est partiellement la conséquence - pas d'Etat d'Israël sans le génocide nazi. Mais ses crimes réels ne vous suffisent pas, il vous faut absolument les rapporter à ceux du nazisme, ce qui, objectivement, analytiquement, n'a aucun sens et s'accompagne de dérapages et de relents nauséabonds (vos tentatives également pathétiques de vous en tirer par la dérision culinaire n'agréent que vos "collègues en antisionisme primaire").
A ce point d'obsession-là, on retrouve cette grande maladie psychique du XIXè et de la première moitié du XXème siècle qui voyait dans le Juif l'ennemi absolu, coupable même maintenant de sa propre extermination (il a influencé Goebbels, son nationalisme est "nazi", etc). L'antisémite contemporain n'assume pas l'extermination de sa victime car elle le gêne dans sa haine raciste ; il lui reste deux possibilités, soit nier cette extermination (ce négationnisme dont certains "antisionistes" défendent avec acharnement la "liberté d'expression" ces derniers temps) soit imputer aux sionistes, incarnation moderne, qu'on le veuille ou non, des Juifs, une nouvelle extermination (imaginaire). L'antisémitisme a toujours été un délire. Nous en avons ici une preuve de plus.
6° Citer Spinoza à répétition.. L'inventeur de la modernité se "retournerait dans sa tombe" à se voir instrumentalisé au profit d'une pensée réactionnaire.

Anonyme a dit…

” Le danger, la guerre, la justification d’une domination stimulent l’israélisme clos, le judaïsme clos. Le messianisme sioniste s’est résorbé dans un nationalisme intégriste. Un manichéisme s’intensifie avec la justification à tout prix d’Israël et la condamnation de tous ceux qui condamnent ou critiquent la colonisation et la répression israéliennes. Le sentiment que l’attitude critique à l’égard de l’Etat d’Israël est de nature antijuive et la croyance que la compassion au malheur palestinien trahit l’absence de compassion à l’égard du destin juif n’ont fait que s’aiguiser. Le manichéisme de guerre s’empare de bien des esprits judéo-gentils sous l’influence de la propagande israélienne et de l’endoctrinement des institutions dites ” communautaires “, de leur presse et de leur radio.

La tendance à considérer comme antisémite non seulement tout antisionisme, mais aussi tout compte-rendu télévisuel ou médiatique qui montre l’écrasante disproportion des forces entre Israël et la Palestine, ne cesse elle aussi de s’amplifier. Dans cette optique, l’image donnée par les medias de la répression à l’encontre des Palestiniens est une insulte à l’image du martyr héros juif, alors que c’est l’action d’Israël qui dégrade cette image ” (…)

Source : Edgar MORIN, ” Le monde moderne et la question juive “, collection Non conforme, Le Seuil, 2007.

peshita a dit…

Les procédés actionnés par les "pro-israéliens" pour démonétiser a priori toute critique de l'action d'Israël, procédés dont Morin lui-même a été la cible, ne doivent pas servir a contrario à cautionner les débordements réellement antisémites. C'est hélas le dernier truc à la mode dont les Juifs en général, sionistes ou non, se retrouvent victimes.

Sinon, incroyable de voir autant de gens capables de citer autant de textes portant sur la question du sionisme ou sur l'identité juive moderne. Ca ne tournerait pas à l'obsession? Il n'y aurait pas - aussi s'entend - d'autres causes à questionner? Que pensons-nous, exemple récent, du massacre de 20.000 civils sri-lankais par l'armée de leur propre pays? Nazisme? Fascisme? Racisme? Génocide? Mais non, voyons, Cuba, la Chine, le Venezuela et d'autres pays "progressistes" soutiennent la "chose" donc où est le problème?

Bozo a dit…

Parmi les procédés du "petit sioniste", il y a la diversion, la hasbara officielle israelienne elle-même fait usage de cette soi-disante obsession qui cache devinez quoi... Dans le même ordre d'idée, pourquoi tous ce foin sur le "11 septembre" ?

On ne compte plus le nombre de sionistes qui deviennent des fanas du Darfour (et pas du Congo allez savoir pourquoi?), ils y prennent d'ailleurs tous les ans leurs vacances !

Blaz a dit…

Kilakse,

Votre contre argumentation ressemble à un exercice de relations publiques dès plus proche des technocrates de Sarkosy.

Vous savez il ne suffit pas d'affirmer qu'une proposition est fausse pour qu'elle résolve son contenu..

Reprenons les choses dans l'ordre.

1- Je ne compare pas le nasizme au sionisme mais ces deux évenements historiques sont comparés au fascisme..

De ce point de vue, le régime de Peron, Mussolini, Saddam sont tout aussi comparables, si l'on a l'honnêteté d'accepter les critères fondant le fascisme.

2-"La figure du leader fasciste n'a strictement rien à voir avec celle du leader politique classique ; tout n'est pas égal à tout"..En quoi cet argument est un argument?
Par contre prouvez-moi que Bengourion n'a pas été le leader charismatique ce cette imposture? Vous avez certainement qu'après la conquête de 1948, la création de l'état fasciste, sa première confession aux journalistes fut
" je ne ressens pas un soulagement mais une profonde anxiété" comme cité par Rajfus M.
Vous devez savoir également qu'après la création de l'état fasciste, la présidence de l'imposture a été proposée à Einstein qui l'a tout bonnement refusé..Il était pourtant un partisan de la création d'un état pour les juifs..
Bien, Je ne suis pas contre ce point de vue, si ce n'est que je suis pour la création d'une république juive, passant par le consentement de tous..
Voyez-vous, dites-moi au nom de quoi dans cet état fasciste un non juif ne peut épouser une juive..les hommes sont multiples et les institutions sont garant de cette diversité.

3- Les Palestiniens bouc émissaire, il suffit de vous remémorer l'évenemnt du mois de janvier dernier, qui pour ma part m'a basculé définitivement dans la lutte contre l'imposture fasciste.
Mais si nous tenons compte de votre argumentation, les Palestiniens ont été ignoré, ils existaient pourtant,Hein

800.000 réfugiés dès le départ c'est bien plus que la fuite juive allemande aux Etats-Unis pendant l'épisode nazi, non!
Watzlawich en systémique place le déni, le rejet et l'acceptation dans un seul paradigme relationnel..Le déni est tout juste une négation portée par une charge symbolique aggravante..Plus simplement ignoré le peuple Palestinien est pire qu'en faire un bouc émissaire s'est l'ignorer en tant que sujet, c'est ignorer sa possibilité d'être.. ce qui est comparable au système de castes indouistes, lesquels dénient l'agalité des chances son système conceptuel hiérarchqiue..L'intouchable est frappé d'une impossibilité d'être, de transcender sa condition d'existence.

(à suivre)

Blaz a dit…

SUITE

3- en ce qui concerne le drapeau, de bonne foi, je reconnais que j'ignorais la signification théologique de ce drapeau, néanmoins, votre argument renforce mon argument premier signifiant qu'un état religieux est synonyme d'un eogénisme non plus génétique mais cérébral..Vous aurez beau casser des verres dans les cérémonies, vous ne pourrez enchaîner la pensée..de ce point de vue vous savez que les israéliens de gauche, très intéressant par ailleurs, galèrent sur cette question..

4- Quant au neveu de Freud, ma mise en garde qui pourtant tentait d'anticiper vos raviollis, signifiait que le transfuge est une figure de l'homme universel..Bernays fut le tranfuge de Freud, qui pour ma part est une figure intellectuelle des plus pertinente du vingtième siècle...Vous devriez le relire d'ailleurs, il est très éclairant sur l'historicité la mécanique de la parnoia, l'anxiété collective dans laquelle bascule en partie le peuple juif, dont je ne renie nullement les souffrances antérieures..euopéennes d'ailleurs;
Cette anxiété existe tant chez vous, qui vous plaignez le cadavre en bouche et le pouvoir en main, que chez Woody allen dont l'oeuvre artistique est traversée par ce paradigme.

5- Je ne suis pas antisémite mais je persiste et signe je suis anti Israël ou tout simplement ne reconnait pas l'Etat d'Israël.
Par ailleurs, pendant quatre ans je me suis couché et me levé auprès d'une ashkénaze qui a eu l'honnêteté de reconnaître ces faits et nous vivions très heureux..Si à votre tour vous les reconnaissez, vous êtes le bienvenue chez moi..

Enfin, il parait que je suis un bon ensignant, et je vous avoue que je propagande mes idées, dans la limite ultime du respect des hommes de bonnes volontés.
Vous ne pourrez changer le fait que vous parlez le cadavre dans la bouche et moi qui plaide le 14 février 2003 auprès de Villepin, qui par exemple est un homme de droite de bonne volonté

Sachez-le, J'aime les juifs întègres, Israêl n'existe pas.

Par contre je vous promets que je serai aussi assidu à la tâche à l'idée de la création d'une république israélienne dans le consentement et la reconnaissance de tous.

Comprenez-bien, je suis maghrébin et je m'identifie 1000 fois plus à la résistance du peuple Palestinien spolié qu'aux 20 états de voleurs de poules arabes, sans aucune fierté..
C'est ici, que la défaite du sionisme est inéluctable, aujourd'hui le puple palestinien est le dernier honneur arabe.

Enfin, je vous conseille de lire "Lévy Oblige de Thierry Levy"
c'est essai opère une rupture épistémologique de votre vision du juif mandiant.

Enfin, je me réjouis de la liberté du ton de notre débat et de la libre pensée, avec ou sans nos censeurs...

Bien cordialement,

Anonyme a dit…

Pour Blaz et kliakse, Le sionisme est fascisme et racisme, cela devrait au moins vous réconcilier, pour le reste ça ne serait même pas souhaitable.
Quant à l'état d'Israël et sa légitimité acquise par la reconnaissance de tous qui est ce « Tous », vous voulez dire que le peuple palestinien ne le reconnaitra pas ?
J'ose espérer qu'il n'y a pas de dernier honneur arabe à soutenir le peuple palestinien (Là mon cher Blaz prend ses désirs pour la réalité). Si dernier honneur arabe il y avait eu dans ce conflit, la réaction des pays arabes aurait été tout autre. Mais je vous vois venir vous parlez sûrement des peuples arabes et non des états. Mais le peuple n’a-t-il pas les dirigeants qu'il mérite ? Cela vaut aussi pour les israéliens qui ont les dirigeants qu'ils méritent.
Quand l'état palestinien sera, parce qu'il sera bientôt, vous verrez, comprendrez peut-être plus qu'il s'agit aussi d'un état comme les autres. D’une nation comme les autres, enfin pour un temps…….un temps seulement.

kliakse a dit…

à Bozo

La dite propagande sioniste en effet use et abuse de la "diversion" - ça ne trompe pas grand monde. Ceci dit, à partir du moment où on se retrouve sur un minimum commun, c-a-d le déni de justice dont sont victimes les Palestiniens, et en faisant abstraction des débats sémantiques sur le "sionisme", il n'en reste pas moins qu'on devrait malgré tout s'interroger sur l'abandon dans lequel "on" laisse de nombreuses populations opprimées, quelquefois massacrées.

à Blaz,

Faut arrêter de balancer du "c'est du Sarkozy" quand quelque chose déplaît...
Le sionisme n'est pas plus un fascisme qu'un élève en nazisme ayant dépassé son maître. C'est une idéologie nationaliste ayant donnée naissance à un vaste mouvement tout aussi nationaliste dans des circonstances historiques où il eut été étonnant, quoi que nous puissions en penser maintenant, qu'il ait pu en en être autrement. Comme tout mouvement national(iste) (dans lequel, bien sûr ne se retrouvaient pas l'ensemble des Juifs d'Europe puis des autres communautés gagnées par la modernité), il a connu et connaît toujours, mais dans des proportions évidemment modifiées, des courants politiques de toutes tendances, de l'extrême-droite à l'extrême-gauche. Avec donc une aile trouvant à partir des années 20 son inspiration dans l'Italie fasciste. Mais dans le même temps, des partis sionistes ouvriers soutenaient la révolution bolchevique..
Sur le plan de l'analyse politique pure, c'est donc une erreur que de faire du sionisme un fascisme. Que Ben Gourion (pas ma tasse de thé) ait été pris d'anxiété en 48.. je ne vois pas en quoi ce serait une preuve, de quoi au fait? Ben Gourion a été la figure tutélaire de l'Etat d'Israël naissant mais il n'a pas été son "Duce", il a été élu à des élections démocratiques (dans les limites que nous savons) et s'est représenté à des élections. La tendance sioniste qui rêvait d'un Etat corporatiste fasciste n'est arrivée au pouvoir que bien plus tard avec Begin, de manière démocratique et, si elle a introduit un modèle néo-libéral au point de vue économique et développé la colonisation de manière exponentielle, elle n'a pas mis fin à la démocratie parlementaire - dont ne sont pas exclus les citoyens israéliens non-Juifs comme chacun sait (11 députés arabes au parlement actuel). Je ne suis pas en train de défendre la "merveilleuse" démocratie israélienne dont je sais bien qu'elle est essentiellement formelle quand il s'agit des Palestiniens d'Israël, mais de montrer qu'il n'y a là nul fascisme.
Israël s'est bâti en 48 sur un crime - sans entrer dans un débat sur les circonstances du crime (les responsables sont israéliens), sur l'argument avancé par certains en Israël du "c'était eux ou nous" et qui n'est jamais que le résultat de la politique menée par le mouvement sioniste cf. quand même ceci : http://www.france-palestine.org/article11744.html - le refus de Einstein ou le drame vécu par les sionistes comme Martin Buber ou Judah Magnes, partisans d'un autre Israël que celui-là ne fait pas, encore une fois, automatiquement d'israël un "Etat fasciste". A moins bien sûr de distribuer l'adjectif tout azimuth : Les USA sont-ils un Etat fasciste pour s'être construit sur la spoliation et le massacre des autochtones? Tous les Etats des trois Amériques sont-ils des Etats fascistes pour la même raison?

kliakse a dit…

suite

Ne mélangeons pas tout. La question de l'identité est une question complexe et celle de l'identité juive qui, pendant deux mille ans, s'est basée sur des critères ethno-religieux et non de souveraineté politique, de territoire ou de langue vernaculaire commune l'est particulièrement. Le passage à l'Etat-nation, prôné par le sionisme, a buté et bute encore sur ces anciennes définitions. Il y a donc, en Israël, des tensions entre les différents types d'identité. C'est problématique ou questionnable ; mais ce genre de tensions existent dans bien d'autres Etats et sociétés sans qu'on en vienne à parler de "fascisme".
Sur le point précis de votre question : le droit civil est régi en Israël par des tribunaux religieux. la Loi juive en matière de mariage est strictement endogame (qu'il s'agisse de l'homme ou de la femme) et requiert sinon la conversion du futur conjoint non-Juif. A moins de considérer que le judaïsme est fasciste.. mais dans ce cas, il faudra faire de même avec toutes les traditions endogames de la planète. Sans oublier que les traditions exogames résument souvent cette exogamie aux femmes. Ceci dit, le droit israélien reconnaît le droit international ; les mariages célébrés à l'étranger sont donc ipso facto valables en Israël. Signalons à tout hasard que la population arabe d'Israël ne semble pas émettre le souhait de voir ses tribunaux islamiques, chrétiens ou druzes disparaître au profit d'un droit civil laïcisé, "à l'occidentale". Au reste, qu'en est-il chez les voisins d'Israël? Il serait évidemment préférable que s'instaure partout la possibilité de se marier civilement.
A ce propos, la Loi musulmane interdit le mariage d'une musulmane avec un non-musulman (mais pas l'inverse - il s'agit donc d'une endogamie déguisée). Au nom de quoi...
Qu'Israël ait bombardé Gaza avec la violence que nous savons n'explique pas ou ne justifie pas l'expression "bouc émissaire " qui a un sens très précis, "celui sur lequel on jette sa faute". Victimes oui, et comment.
La comparaison des chiffres.. je ne m'y risquerais pas ; si les nazis avaient laissé partir les Juifs au lieu de les exterminer et si s'étaient trouvés des pays pour les accueillir (ce qui n'a été que très peu le cas avant et pendant la guerre), il y aurait eu plusieurs millions d'émigrés juifs vers les USA et ailleurs.

kliakse a dit…

suite bis

Epargnez moi svp les références du type "vous aurez beau casser des verres". Merci d'avance.
Idem pour "le cadavre en bouche". Si vous voulez parler de psyché collective, tentez des formules moins blessantes. Vous direz que voilà la preuve la preuve de, de quoi au fait, de la blessure? Belle découverte! Quant à ce pouvoir en main, de quoi s'agit-il? Avons-nous "le" pouvoir? Et qui est ce "nous"? Où nous réunissons-nous, Woody Allen et moi pour discourir de notre pouvoir?

Libre à vous de ne pas reconnaître ce qui existe. Mais ça n'y changera rien puisque ce qui existe... existe et aucune solution ne se dessinera un jour sans tenir compte et des Palestiniens et de leur désir d'Etat et de souveraineté politique et de l'Etat d'Israël et du désir des Juifs israéliens de ne pas perdre leur souveraineté politique. Quand cela sera fait et que du temps se sera écoulé, alors, on pourra parler de la suppression de tous les Etats de la terre et pas seulement de celui-là, qui n'est pas moins ou pas plus "artificiel" que tous les autres.
Vilepin? Un copier-coller d'un autre message égaré par ici?
Les Juifs intègres. Mon Dieu! Vous pensez que vous allez décider quel Juif est "intègre" et lequel ne l'est pas? Et avant tout ce qu'est un "Juif intègre" ou pourquoi pas un "Juif"? Si vous nous laissiez discuter de cela entre "nous", avec Woody Allen et sans Ben Gourion? (C'est une question rhétorique bien sûr que je vous pose là).
"Ma vision du juif mendiant".. étrange. J'espère qu'il ne s'agit pas d'une allusion débridée et à la Drumont à l'imagerie fantasque du "colporteur juif".
Quant à Thierry Lévy, il ne peut pas nous apporter grand chose tout simplement parce que la question de son identité juive lui est secondaire (c'est son droit). Le modèle français de l'assimilation(isme) n'a pas plus que le sionisme à la Ben Gourion ma préférence. J'ai et aurai donc d'autres lectures.

Blaz a dit…

Petit anonyme,

Il te faut un microscope dans la tête...Quand ce n’est pas des raviolis c'est du fascisme que tu exposes..

les Arabes n'ont pas les dirigeants qu'ils méritent mais ceux qu'on leur impose.. J’ai rompu depuis longtemps avec ces voleurs de poules..
T'imagines que je dise que les juifs Allemands ont eu les nazis qu'ils méritent, ..certains ont voté national socializm en 39..

Néanmoins on est en accord sur un point, la Palestine est et le restera..

T'es un mec louche toi..


Kilakse,

J'ai été attentif à votre écrit précédent,

Eh bien revenons sur le mythe d'un sionisme de gauche.

Partons de vos prémisses mais respectons les faits historiques

1- le sionisme a une genèse politique ayant une volonté de créer un état juif sur un territoire. Cette vision correspond certes à la norme des nationalismes territoriaux de la fin du dix neuvième siècle revendiquant un territoire et une culture ancestrale.. telles la Serbie, la Roumanie..

A cette particularité le sionisme cumule l'identification à la religion juive qu'il exacerbe à l'extrême de sorte que le territoire n’eut pu se situer en Europe ou en Afrique, solutions envisagées quelques temps mais bien voir sa matérialisation en Palestine. Quant à la langue hébraïque jusque là religieuse, elle fut à réinventer...
Les comités des amants de Sion ont pu diffuser leurs idées parmi les juifs de l'Europe orientale sans en avoir les moyens, ce qui les orientèrent vers les philanthropes juifs occidentaux de la Jewish Colonization Association (ICA) qui par ailleurs était déjà actif en Argentine.
Le baron de Rodshild fait de la colonisation juive de Palestine une affaire personnelle en finançant un certain nombre de colonies agricoles encadrés par des Français. La rentabilité de ces exploitations est garantie essentiellement par une main d'œuvre Arabe tandis que l'expansion et l'autonomie de ces exploitations sont soutenues par le baron. D'une envergure bien supérieure à la philanthropie, il s'agissait en réalité d'une volonté d'encrage en Palestine.

De ce point de vue le fait par exemple que la Corée achète aujourd'hui des terres agricoles aux Philippines, ne fait pas des Philippines la Corée...

Le congrès de Bâle de 1897 voit la naissance du sionisme d'Herzl, composée d’effectifs russophones, plus ostentatoire et moins colonisatrice que la discrétion de l'entreprise de Rothschild, cette visibilité vise en réalité l'institutionnalisation de l'Etat juif laquelle sera pérennisé par la déclaration de Balfour de 1917, employant des moyens terroristes au passage...

Blaz a dit…

1908, voit la naissance du PLDC(successeurs d'Herzl) financé par le fond national juif, qui s'implante en Palestine à partir de 1908. Cette composante est consubstantielle de la deuxième Aliya, entre autre, ce que vous dites sur ce point est vrai, essentiellement des Russes marxisant ayant connu l'épisode de 1905.
Seulement voilà, l'attitude le l’ICA (tributaire du Baron) déçoit ces pseudos marxistes, en préférant engager des Arabes comme main d’œuvre agricole. Vos marxistes, adopte une doctrine qui prône la séparation des juifs et Arabes, drôle de vison de l'internationale, vous me l'accorderez.
Après la guerre, Weismann devient le président de l'organisation sioniste, laquelle se structure en fédérations nationales et poursuit la colonisation à coups de technologies et de capitaux étrangers. Si bien qu'en 1948, la propriété juive couvre 6,6 % de la Palestine.
Néanmoins, Il est vrai qu'en 1931, l'exécutif de l'Agence en Palestine revient aux socialistes mais la droite du mouvement sioniste a le grand cynisme de comprendre que l'établissement du foyer national juif, Yichouv, ne peut passer que par le mode d'organisation collective des socialistes. Autrement dit, il s'agit d'un socialisme colonial, machiavélique ou expansif à vous de choisir.
Aussi, le véritable clivage entre les pseudo socialistes et les révisionnistes ne concernent en réalité que la question du rapport aux Arabes. Ben Gourrion et ses amis donnent la priorité à la conquête progressive, la droite est partisane de la force, de la conquête totale, le fameux mur d'acier qui fondera la politique d'Israël à partir de 1948.

Dès lors, on peut inférer sur

1- que la genèse du sionisme fut un colonialisme financier
2- La gauche sioniste a été l'outil de pérennité de l'entreprise coloniale sioniste
3- Les partisans de la méthode radicale sont au pouvoir et aux commandes depuis 1948 au moins.

Conclusion: le sionisme fut un colonialisme de gauche aboutissant sur un fascisme de droite.

Ensuite une contradiction majeure est à la base du sionisme. Il se veut un état juif religieux, or le sionisme et le judaïsme sont inconciliables.
" Que les antiques royaume de Judée et d'Israël n'étaient en rien monothéiste ni juif; que la religion juive, telle nous la connaissons aujourd'hui, trouva sa forme définitive à Babylone, lorsque les prêtres et les aristocrates en exil du royaume de Judée, organisèrent une nouvelle espèce de communauté non politique fondée sur la religion et indépendante du territoire"/Boas Evron

C'est pour cette raison que les pharisiens, establishment religieux juif, s'est toujours démarquée du mythe de "la terre sainte" en attendant le véritable messie tout en s'écartant du sionisme, déclin de la religion.

Bien !, tout cela, pue et sent la cabriole du garagiste...

Le sionisme est indéfendable et contentez-vous de défendre l'humanité, rien ne vous oblige à être partisan d'un état schysophrène, assassin tandis que les Arabes ont toujours été vos plus fidèles partenaires.

Cordialement

Anonyme a dit…

Pour Blaz,
Petit anonyme, n’a pas de microscope dans la tête, ni ne raffole des raviolis et n’est ni même louche. Votre diarrhée verbeuse ou condescendante ou méprisante selon qui vous imaginez derrière les mots me fait sourire. Il vous faut réajuster vos lunettes et juger des arabes avec la même justesse que des sionistes. Evitez de mélanger les genres, qu’est-ce que les arabes ont à voir avec les juifs allemands ou mieux encore les dirigeants arabes avec les nazis ? Vous vous gargarisez d’histoire, ou pseudo-analyse historique mais vous ne me répondez pas est-il plus difficile de regarder l’histoire se faire que l’histoire qui est faîtes ?
Ceci dit je lis avec plaisir tes commentaires....

kliakse a dit…

Vos trois points inférés ne sont pas inexacts mais ils sont incomplets (vous oubliez par exemple la dimension libératrice juive réelle du sionisme ouvrier mais je comprends que ce soit difficile à prendre en compte). La conclusion que vous en tirez par contre est simplement rhétorique : "colonialisme de gauche débouchant sur un fascisme de droite".. Qu'Avigdor Liberman soit au gouvernement israélien, qu'il y ait des racistes intégraux parmi les colons (attaque de paysans palestiniens ce week-end) ne fait pas d'Israël et du sionisme un "fascisme de droite".. Le fascisme, en science politique, renvoie à des critères précis.

Le sionisme ne se veut pas un Etat religieux. Cette phrase ne veut d'ailleurs strictement rien dire, le sionisme étant une idéologie. Et, encore une fois, originellement, nationaliste et laïque à laquelle se sont profondément opposés la majorité des religieux, dans les premières années du moins. A partir des années 1920, il y a eu un basculement théologico-idéologique progressif qui a vu le camp religieux se sioniser. Avec la création de l'Etat, le basculement sera presque total et seule une minorité restera fidèle à la la compréhension antérieure. Le sionisme et le judaïsme ne sont pas inconciliables tout simplement parce que la conciliation a été effectuée par la quasi totalité des penseurs religieux ; cela signifie tout aussi simplement qu'il y a, comme dans d'autres traditions, plusieurs lectures possibles. La difficulté actuellement est en tout cas de faire entendre qu'il peut y avoir une lecture non sioniste de la tradition messianique. Sur le plan pratique, ça ne change rien puisque l'Etat a été créé, qu'y vit plus de 40% de la population juive mondiale et que l'essentiel des 60% restants s'y reconnaît...
Ce n'est de toute façon qu'à l'intérieur du judaïsme que se discutent ce qui est conciliable et avec quoi ce le serait. Les leçons en judaïsme venant de commentateurs extérieurs me semblent déplacées.
Tous les théologiens de toutes les traditions ne font-ils pas beaucoup de cabrioles?
Les Arabes toujours de fidèles partenaires? L'Histoire, sans plus s'étendre, me semble plus "compliquée" que cela. Les Juifs orientaux n'ont pas que de bons souvenirs.
Pour le reste et en attendant peut-être mieux : deux peuples, deux Etats.

PS
Si la religion juive a trouvé sa forme définitive à Babylone, comme vous l'écrivez, vous devez alors prendre en compte le retour (partiel) d'exil sous les Perses et la reconstruction du temple et de l'autonomie politique et territoriale - la vraie forme "définitive" (le terme est inapproprié, l'évolution est constante), le judaïsme rabbinique se construit à partir de la destruction du second temple et donc déjà à l'ère chrétienne et sous occupation romaine puis byzantine et dans l'empire perse. Quant à écrire que les royaumes de Judée et d'Israël n'étaient ni monothéistes ni juifs.. Leur monothéisme se construisait progressivement et était faillible - la Bible en porte elle-même la trace - pas besoin de "pourfendeurs de mythes" pour comprendre cela ; pas "juifs".. au sens strict, il n'y a de Juifs qu'à partir de l'exil, pour la bible, il n'y a que des "enfants d'Israël ou des hébreux". Il est cependant assez difficile de prétendre que les uns ne descendent pas des autres (conversions et assimilations diverses mises à part comme dans l'histoire de tous les peuples). Enfin, je ne suis pas sûr que c'est cela que vous essayiez de dire..
Au sujet des Pharisiens, ce que vous écrivez n'a aucun sens ; il n'y a pas de "sionisme" à l'époque. Je crois que ce que vous ne comprenez pas c'est la fusion dans l'identité juive traditionnelle des éléments ethniques et religieux.

bien à vous