Importer le conflit du Moyen-Orient en Europe, non ; mais y exporter des armes européennes, oui !


Les principaux exportateurs européens vers Israël entre 2003 et 2007
À l’échelle mondiale, le marché européen des exportations d’armements est dominé par quelques pays issus principalement de la partie occidentale de l’UE. Ainsi, quelque soit la période étudiée, plus de 90% des exportations européennes sont en général le fait de 6 pays, composés dans l’ordre de la France (plus de 70% du total UE), l’Allemagne (moins de 10%), le Royaume-Uni (moins de 7%), la Belgique (moins de 2%) et l’Autriche (moins de 2%). Cette répartition est, dans les grandes lignes, celle qui se dessine lorsqu’il s’agit des exportations à destination du Moyen-Orient et d’Israël. Sur la valeur totale des licences d’exportation accordées à Israël sur la période 2003-2007, les cinq premiers pays exportateurs membres de l’Union européenne sont dans l’ordre : la France à 52,7%, l’Allemagne à 25,3%, le Royaume-Uni à 9,5%, la Belgique à 2,7% et la Pologne à 2,4%. De manière transversale, on peut observer une relative stabilité des autorisations d’exportation vers Israël qui, en valeur, varient entre 0,55 et 0,93% du total de l’ensemble des autorisations d’exportation accordées par les pays membres, soit 0,7% en moyenne pour la période 2003-2007. La guerre israélo-libanaise de l’été 2006 ne semble pas avoir érodé la valeur des exportations européennes accordées à l’État hébreu durant cette sombre période. La valeur totale des licences européennes accordées cette année-là à Israël est certes en baisse mais, en pourcentage du total, elle représente 0,93%, un chiffre record sur la période examinée.




Et la Belgique...
Selon le Sipri, la Belgique est le 19e plus gros exportateur mondial d’armements sur la période 2003-2007, pour un montant total estimé à 301 millions USD (TIV, constants 1990). Si cela ne représente que 0,27% du total mondial, ce montant fait néanmoins de la Belgique le 8e plus gros exportateur au sein de l’Union européenne. De plus, ce chiffre est vraisemblablement sous-estimé étant donné qu’une part non négligeable de la production belge concerne des armes qui, comme les armes légères et de petit calibre, ne sont pas reprises dans la classification du Sipri. Entre 2003 et 2007, les exportations de la Belgique vers le Moyen-Orient sont évaluées à 89 millions USD (TIV, constants 1990), ce qui place la Belgique très loin derrière le trio de tête des gros exportateurs vers la région que sont les États-Unis, la France et la Russie. Si l’on examine les données relatives aux exportations belges vers le Moyen-Orient et Israël délivrées par les « rapports Coarm » de l’Union européenne, la répartition des exportations belges vers le Moyen-Orient sur la période 2003-2007 est typique d’un État membre de l’Union européenne : les destinations privilégiées sont l’Arabie saoudite qui représente 78,6% du total régional, suivie dans une moindre mesure par les Émirats arabes unis (5,1%), Israël (4,5%), l’Égypte (4,1%) et la Jordanie (3,6%) tandis que l’Iran, la Syrie, le Yémen et l’Autorité palestinienne ne font l’objet d’aucun octroi de licences. De manière générale, à l’instar des autres pays européens, la Belgique n’est qu’une source mineure d’approvisionnement en armements conventionnels pour l’État hébreu qui achète principalement des armements américains. Sur les 5 dernières années, les licences d’exportations belges accordées au Moyen-Orient ont représenté près de 704 millions d’euros, soit 18,6% du total des licences accordées par les autorités belges et celles en faveur d’Israël se sont élevées à 31,5 millions d’euros, soit 0,83% du total. À titre de comparaison, la part des autorisations d’exportations vers le Moyen-Orient pour l’ensemble de l’UE durant cette période est de 18,6% et vers Israël de 0,7%. Notre pays dépasse donc très légèrement de la moyenne de l’Union en ce qui concerne les licences accordées à Israël mais reste conforme à la moyenne en ce qui concerne le Moyen-Orient. Entre 2003 et 2007, Israël représente 4,5% des exportations belges vers le Moyen-Orient, un pourcentage au-delà de la moyenne européenne de 3,76%.

Caroline Pailhe
GRIP

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