Les trois mousquetaires du déni

« La situation de la France vis-à-vis de son passé colonial est singulière. En effet, toutes les autres métropoles coloniales européennes ont envisagé et mis en œuvre des programmes (recherche, enseignement, lieux de mémoires...) liés à cette histoire des empires, dans une optique visant à dépasser le double simplisme de l’anticolonialisme et de l’hagiographie. D’autres ont décidé de développer l’enseignement de ces questions ou ont tout simplement « banalisé » la question coloniale en l’intégrant - voire en la noyant, comme en Italie - dans les registres de l’histoire nationale. La France, a contrario, est pratiquement le seul pays européen à s’être délibérément rangé du côté d’une « nostalgie coloniale » et de l’oubli institutionnalisé, tentant de dissocier histoire coloniale et histoire nationale. La seule situation comparable peut être trouvée au Japon - et, à un moindre niveau, dans le « royaume de Belgique » (lequel, avec une exposition sur « La mémoire du Congo » au Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren début 2005, a toutefois initié une réflexion longtemps demeurée taboue sur son passé colonial)… » (Pascal Blanchard, Nicolas Bancel et Sandrine Lemaire, La Fracture coloniale)

Aucun commentaire: