L'Europe, une passoire bunkerisée ?

« Le Noir, c'est d’abord un amas d’organes librement développés, presque nus : cheveux crépus, nez épaté, lèvres épaisses, figure coupée d’entailles. Il sent mauvais. Il accompagne tout discours de gesticulations désordonnées… » (Mbembe)

La Conférence euro-africaine sur la migration et le développement, réunie ce mardi 26 Novembre à Paris, a adopté un programme de coopération triennal consensuel; consensuel car il s’agit de faire avaler la pilule à la rive sud de la Méditerranée… On y développe le triptyque suivant : organisation de la migration légale, lutte contre l'immigration clandestine et promotion de partenariats de développement, ce qui en langage clair signifie : je me sers en fonction de mes besoins, le rebut humain je vous le laisse et, comme d’hab, je vous file des miettes pour que vous puissiez nourrir tout ça… Depuis la première conférence euro-africaine de Rabat en juillet 2006, « nous sommes passés de la pomme de discorde à la volonté de relever collectivement le défi » des phénomènes migratoires a pu déclaré Hortefeux, l'homme de Vichy, ce qui peut se traduire de la façon suivante : cette fois ci, je vous ai fait avaler collectivement la pomme et les couleuvres qu’elle contient... Soit un « consensus total » sur le programme adopté, c'est-à-dire que le collectif l'a avalé profond, « malgré la diversité des territoires » dont le point commun est de faire partie de la postcolonie, cette « sorte de varenne commerciale pour la chasse aux peaux noires», suivant le mot de Marx. Comme il se doit, qui aurait pu en douter, la mesure la plus spectaculaire, concerne l'immigration irrégulière. Elle se propose de « lutter contre la fraude documentaire » courante dans certains pays africains, en ayant notamment recours à l'informatique et à la biométrie, à savoir une aide humanitaire sous les auspices sécuritaires d'Orwell. Il est aussi proposé de « renforcer le contrôle aux frontières » en aidant à « la création de postes frontières communs ». Voilà comment on conçoit le partenariat de développement au pays de Hortefeux-la-joie ! La conférence préconise, savourez ces merveilleux euphémismes !, d’« améliorer les réadmissions » dans les pays d'origine et de promouvoir les « retours volontaires » par des aides à la réinsertion. Bien sûr, ce volontaire-là rime avec charter et puis quelques défenestrations collatérales ! Pour puiser dans la vache à lait qu'est l'Afrique, en fonction de ces besoins, il sera créé dans les pays d'origine des « agences spécialisées en matière d'emploi » à l'instar du Cigem récemment installé à Bamako et financé par l'Union européenne, c’est ce qui s'appelle avoir l’esprit pratique… Mais qu’on se le dise, tous les affreux crève la dalle du sud n’y seront pas les bienvenus, car il s’agit de privilégier l'accueil de « travailleurs hautement qualifiés » et , ô hypocrisie et quadrature du cercle, tout en « cherchant à prévenir la fuite des cerveaux », si, si c’est possible, puisqu’on vous le dit… Pour ce qui est du lien migration-développement, l’Europe ne sortira pas un radis de ses coffres, la conférence recommande d' « améliorer la protection sociale des migrants » ainsi que de « faciliter la baisse des coûts de leurs transferts de fonds », on le sait Mamadou a du cœur, les bronzés s’aideront entre eux, ils en ont l’habitude… Que pensent les Etats africains de tout ça ? Critique : Le ministre sénégalais de l'Intérieur Cheikh Tidiane Sy avait ainsi déclaré que ce pacte « est perçu comme une volonté des Européens de se bunkériser ». Collaborateur et pragmatique : « Tant qu'il y aura des divergences entre une politique de migration européenne restrictive et les demandes des migrants, les flux d'immigration irrégulière continueront», avait pour sa part déclaré le ministre marocain des Affaires étrangères Taïeb Fassi Fihri en rappelant que si « l'Europe ne doit pas être une passoire, ses besoins en main d'oeuvre s'élèveront cependant à quelque 30 millions de travailleurs en 2030 ». Dubitatif : le ministre burkinabé des Affaires étrangères Alain Bédouma Yoda avait lui aussi demandé d' « assouplir les conditions d'entrée » en Europe, sous peine de voir les mêmes problèmes perdurer. Objections auxquelles répond, le bonimenteur néo-pétainiste, Brice le magnifique, « l'objectif du pacte, c'est d'éviter une Europe bunker et une Europe passoire », oubliant sans doute que le bunker du Furher, à la fin de la guerre fut une passoire, pour notre part, nous attendons les derniers jours d'Hortefeux…

AFP

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