Les dessous de la sinophobie actuelle…

« Ce qui me choque le plus en Europe, dans la civilisation occidentale, c’est la difficulté que l’homme européen a à aménager les rapports avec les autres hommes... » (Aimé Césaire)

Derrière les gesticulations humanitaires et démocrates, et leur indignation à géométrie variable, faisant semblant de s'inquiéter du sort du Tibet, il faut surtout y voir la stupeur et l’inquiétude des sociétés occidentales en pleine crise de confiance de leur modèle de développement devant l'Empire du milieu, cette superpuissance - non-blanche - en devenir. Entre Washington et Pékin, cela fait un moment qu’il y avait de l’eau dans le gaz. Des Chinois, en matière d'opinion, les Américains en ont ras-le-bol... Le dossier d’accusation est lourd : après leur avoir pris leurs emplois et leur savoir faire, voilà qu’ils veulent leur rafler leurs entreprises, pensent-ils. Stupéfaite, la presse américaine révélait il y a deux ans, que la Chine allait investir trois milliards de dollars dans Blackstone, le plus capitaliste des fonds américains ! Alors que dans le même temps, la Chine se fermerait aux investisseurs yankees. On pourrait également évoquer parmi les sujets de conflits potentiels, celui de l’énergie et de l’accès aux ressources pétrolières, mais ceci est une autre histoire... Bref, du Texas au Kansas, l’énorme déficit commercial américain à l’égard de la Chine - plus de 200 milliards de dollars l’an - alimente une sinophobie ambiante, des pressions protectionnistes comme on n’en a pas vu depuis longtemps aussi. Au Congrès, une vingtaine de textes visant à stopper l’invasion du « made in China » sont en débat. Washington a déposé contre Pékin deux plaintes à l’OMC. Bref, entre les deux géants, la guerre commerciale menace. A priori, les deux pays ont trop d’intérêts en commun pour s’engager dans une véritable guerre commerciale. Ces deux économies, la première et la quatrième du monde, sont aujourd’hui extrêmement dépendantes l’une de l’autre. La Chine fabrique du textile, des écrans plasma, des portables... qui font la joie des consommateurs américains, des industriels aussi qui y ont délocalisé massivement leur production, qui profitent donc d’un yuan sous-évalué. Grâce à ses surplus, la Chine finance l’Amérique et lui permet de vivre à crédit. La relation Amérique - Chine à tout de la relation complexe, chère à Edgar Morin, c'est-à-dire à la fois complémentaire, concurrente et antagoniste. Une guerre commerciale, ce serait en définitive une véritable catastrophe pour les deux pays. Leurs dirigeants en sont totalement convaincus, pas leurs concitoyens. Alors, pour calmer la colère des Américains, Pékin n’a eu de cesse de multiplier les petits gestes : une légère appréciation du yuan, une salve de gros contrats... La Maison Blanche joue le temps et lève le ton. Tout cela pourrait apparaître pour un jeu de rôles, un jeu bien rôdé. Pourtant ce jeu risque à terme de déraper. En Amérique, la conjoncture ralentit, la présidentielle s’approche. Dans l’« atelier du monde », le parti communiste tente de maîtriser la surchauffe et d'empêcher la grogne sociale (liée à la fin du "bol de riz de fer" !). Ce sont là des circonstances qui favorisent de part et d’autre le clan des va-t-en guerre. Entre les deux Empires, rien ne serait pire pourtant. Eh c'est bien à un dérapage contrôlé, c'est-à-dire le début d'une guerre larvée, qu'on assiste ici, et la patrie des droits de l'homme en est l'instrument docile... Ainsi la France de Sarkozy, puissance déclinante aujourd’hui, ironie de l’histoire, joue, dans les événements actuels, les supplétifs des Etats-Unis, elle qui a tant employé, pour ses basses besognes, les tirailleurs marocains et sénégalais… Y aurait-il, dans ce tournant de l'Histoire, une place de boy scout de l'Empire pour notre bonne vieille Belgique?





3 commentaires:

Anonyme a dit…

Comme a dit un tocard français : le Tibet avant la chine n’avait rien à envier à la chine avec le Tibet. Les palestiniens subissent beaucoup plus durement le régime d’apartheid de la sionisto-théocratique israel sans avoir le même traitement de faveur des pseudo-droitdel’hommiste.
Les ouighours sont dans le même cas et personne n’en parle jamais, mais comme a dit le même tocard français : Y aurait il une hiérarchie de la pitié ???
Ils m’écoeurent ces gens, à minimiser les grands problèmes et à maximiser les petits problèmes. 2 poids 2 mesures, justice à 2 vitesses, discriminations, manipulations, bellicisme, embargos, soutiens aux dictatures et ça se prend pour la civilisation suprême et supérieure, ça ouvre grand sa gueule pour crier l’universalité et la supériorité de ces valeurs. Toujours dans la comparaison, la compétition ; jamais dans la compréhension et la solidarité.
Fric, fric et toujours plus de fric, voila la religion totalitaire imposée à toute l’humanité par quelques belliqueux néo-colonialistes et néo-cons aux portefeuilles bien remplis et aux intérêts peu humanistes.
Elles sont belles les valeurs occidentales (sur papier)!!! Elles prouvent continuellement les limites de leur applicabilité et de surcroît leur universalité.
C’est désespérant, vivement l’avènement de l’ordre nouveau sauf si c’est pour le pire.

Anonyme a dit…

S'il est des valeurs typiquement europénnes se sont l'hypocrisie et le cynisme, rien de très reluisant...

Anonyme a dit…

Juste pour dire: Standard champion!!!!!!!!!!