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« Toutes les civilisations ne se valent pas »



« La notion de civilisation est imprégnée par l’universalisme français de la IIIe République, ainsi que par la politique de colonisation et d’acculturation symbolisée par Jules Ferry. Elle fut alors utilisée pour énoncer une identité occidentale tout en évitant de parler de christianisme, dans le contexte très tendu du conflit religieux. D’un siècle à l’autre la « civilisation » continue de désigner avant tout un regard rétrospectif sur sa propre histoire, et est à placer, à ce titre, au côté des approches mémorielles et identitaires du monde. Cette valorisante reconnaissance de soi implique un ethnocentrisme incompatible avec les exigences actuelles des Sciences sociales. La civilisation articule la nation et l’Occident, elle structure, en la déterminant fortement, l’une des interrogations majeures des historiens occidentaux de la seconde moitié du XXème siècle : l’Europe. » « Aujourd'hui, l'appropriation de Braudel, père du concept de « civilisation » dans l'historiographie contemporaine, par Henri Guaino et les historiens du « choc des civilisations » constitue à présent une arme de défense contre toute accusation de racisme ; elle s'inscrit dans une stratégie de brouillage des lignes intellectuelles et de captation des références traditionnelles de la gauche française. A ce titre, l'usage de Braudel est à rapprocher de l'entreprise idéologique de la Nouvelle Droite et de son combat métapolitique. Le concept de « civilisation » qui forme des ensembles « métaculturels », permet de présenter les tensions politiques, économiques et sociales selon des grilles de lecture qui les réduisent à leurs dimensions culturelles pour mieux les figer. » (Blaise Dufal, Les Grecs, les Arabes et nous)

 « Les Français ont cru à l'universel et, pour eux, il n'y a qu'une seule civilisation : la leur » (Aimé Césaire, Nègre je suis, nègre je resterai)

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